Dessus Dessous le dossier artistique
Qui ?
Les biographies de L’équipe
Vincent Rouche en complicité avec Hélène Viaux : texte
Hélène Viaux et Fred Costa : sur la scène
Vincent Rouche : mise en scène
Fred Costa : musique
Jane Joyet : scénographe
Quoi ?
Lilith revient nous voir.
Lilith, c’est la première femme d’Adam, celle du premier des deux récits de la Création.
C’est celle qui, face à ce premier homme qui déjà avait le pouvoir pour ambition, a préféré prendre le large, rester libre.
Elle vient voir le monde. Elle prend pour prétexte de venir faire le « ménage ».
Elle vient dialoguer avec le monde, nous rappeler les origines, voir ce que tout ça est devenu.
Cette « culture antérieure structurée autour, non pas d’un Dieu-Père, mais d’une Mère divine omnipotente, qui impliquait la notion du féminin sacralisé », quelle trace cela a-t-il laissé ?
Ce « patriarcat-existant-de-toute-éternité qui continue à sous-tendre implicitement les discours tant philosophique qu’historique », quelles cicatrices cela laisse-t-il ?
Comment réconcilier le féminin et le masculin ?
D’où ?
Hélène Viaux, actrice, est un jour venu voir Vincent Rouche, clown.
– J’ai l’argument d’une histoire dans lequel mon histoire trouve sa place.
Sa nécessité, intime et intense, prenait corps au travers les mots du livre de Françoise Gange, « Les Dieux Menteurs », notamment.
Les deux premiers partenaires humains, créés simultanément selon le principe égalitaire auquel nous avons fait allusion, furent Lilith et Adam (Premier récit ce la création). Entre eux, un conflit naquit bientôt dont le prétexte était la manière dont ils feraient l’amour : qui serait dessus, qui serait dessous. [… ] Adam revendiquait la fonction de chef de famille, ce que contestait Lilith qui se référait aux conditions mêmes, égalitaires, de leur création. Elle défendait l’idée de l’équivalence de ses droits au sein du couple. Adam maintint avec intransigeance son ambition de dominer et la situation se trouva sans issue.
Lorsque Lilith eu compris que la volonté d’Adam était de la maintenir dans cette position de dominée, elle se résolut à la seule solution possible : sortir du jardin d’Éden, c’est à dire rompre son association avec Adam. Pour cela, elle prononça le nom de l’Ineffable, reçut miraculeusement des ailes et s’en fut par les airs loin de ce lieu où Adam resta seul.
– Est-ce que tu penses que l’on pourrait construire quelque chose ensemble ?
Ils avaient des conversations au cours desquelles elle racontait à la fois son histoire et le lien qu’elle faisait avec la lecture du texte de Gange.
Il avait déjà écrit un texte pour elle, l’une des premières phrases était : « Ma raison d’être ici devant vous avocats, avec toi, José, fut pour qu’enfin un dialogue soit possible ».
Ils étaient sur le sujet, sur tous les sujets, ensemble, dans le désir de comprendre, de se comprendre. Dans le dialogue donc.
Le désir de traiter ces questions : où est-ce que ça frotte, où est-ce que ça coince, entre cette part de féminité et de masculinité ? Qu’est-ce qui empêche l’endroit du « jeu » au sens où il y aurait un peu d’aisance. Que les choses ne seraient ni trop serrées, ni trop lâches, entre-elles, ce qui provoque inexorablement, dans un cas comme dans l’autre, de la casse. Dans la mesure où les forces sont justement ajustées, il y a transmission, concordance, congruence.
Qu’est-ce qu-il y a ?
Il y a ce qui se passe quand un plus un ne font plus forcément deux.
Quand, dans la conversation, les idées se partagent, une dimension inattendue, apparaît ;
Quand, dans la peinture, deux couleurs se mélangent ;
Quand, dans la musique, deux notes se suivent ou se superposent.
Il y a cet élément, la terre, la glaise, faisant à la fois écho à la fertilité, mais aussi à l’origine du monde, la glèbe, le glébeux.
Un travail sur la transformation, la fusion, le lien, le pouvoir, l’évolution.
Un travail donc aussi sur la séparation, l’impuissance, la partition.
Comment la société patriarcale qui a été installée à un moment dans l’Histoire de l’humanité conditionne-t-elle le rapport entre les êtres et particulièrement entre les femmes et les hommes ? Ce système, ce modèle unique du viril conquérant est-il incontournable ? « L’humanité réconciliée avec ses deux moitiés, masculine et féminine »4, est-ce possible ?
Il y a ce à quoi chacun se confronte à des degrés divers au quotidien de la relation, les négociations, les disputes, les malentendus, les non-dits…
Il y a les manières de régler les conflits : par la douceur ou par la violence, par la parole ou le silence… Un rapport de domination est-il incontournable, de l’un à l’autre des partenaires pour que l’entente, la complicité soit possible ?
Ou bien faut-il toujours que ce soit la guerre ?
Comment ?
Un espace dépouillé. À peu près vide. Au sol une bâche. Noire. Elle le recouvre entièrement.
Un fin fil de chanvre traverse l’espace. Deux pinces à linge.
Le long d’un mur, un seau, une serpillière. Plus au centre, un seau contenant de l’argile, un piédestal. Un peu d’argile au sol tout autour de ce dernier.
Dans un coin, une sorte d’établi. Dessus des outils, mécaniques et électroniques.
L’impression d’être dans l’antre d’un créateur ?
De la lumière. Celle d’un jour naissant. Celle du sixième.
Elle. Vêtue d’une robe simple. Grise. La peau, toute, est couverte de glaise. C’est le maquillage. Blanche pour la peau du visage, des mains, des jambes, grise ou noire pour le nez, rouge peut être à certains endroits.
Elle aura la nature : l’eau, la terre, la glaise, les sceaux, sa voix, ses mots, ses chants.
Lui. Vêtu d’une chemise noire.
Lui aura la technique : ses micros, ses ordinateurs, ses pédales, ses enregistreurs. Mais aussi un saxophone baryton, sa voix, son souffle, le faisceau lumineux d’un projecteur super.
Quel dialogue surgira-t-il ?
Le traitement devrait rappeler le jeu de la marionnette par le mouvement, celui du clown par l’ivresse.
Plus que jamais il s’agira de laisser jouer les adresses : dialogue entre l’actrice et sa créature, entre la créature et le partenaire musicien, entre la créature et le public dans ce qu’il représente pour elle, entre l’actrice elle-même et le public.
Place de ce projet au sein de la Compagnie du Moment
Nos deux dernières créations, Nez à Nez et Dis-moi quelque chose, sont toutes deux créations axées sur l’idée de la rencontre. Sur le surgissement d’un propos, d’une écriture au plateau. Si pour Nez à Nez le texte, les mots restent aléatoires d’une représentation à l’autre, pour Dis-moi quelque chose, tout fut écrit. Pour Dessus Dessous, nous avons le désir d’éprouver un texte écrit en amont. Par ailleurs, le mode de jeu clownesque se décalera vers un jeu de ce que Craig appelait « l’acteur marionnette ».
La ligne artistique de la compagnie du moment reste tendue sur une approche du théâtre éminemment clownesque.
Un clown poétique : du silence, de l’immobilité, du presque rien.
Avec le soutien
La maison du peuple, Saint-Claude (39)
36 du mois 6 Cirque 360, Fresnes (94)
Grange dîmière – Théâtre de Fresnes (94)
La Nef, Pantin (93)
Le Montfort Théâtre, Paris
L’Anis Gras, Arcueil