Dessus Dessous – Vers quoi ?

Dessus
Dessous

 

Vers quoi ?

Donc, au début il y a eu cette lecture :

« Les cultures de tous les peuples qui dominent aujourd’hui la planète ont la même racine, la même définition de base au-delà des différences qu’elles présentent : cultures patriarcales, elles sont étayées sur l’axiome du viril dominant ; le féminin étant conçu comme mineur. Elles sont toutes pareillement étayées à l’origine sur des religions qui ont pour centre DES ou UN Dieux(x) mâle(s). »
« … ce que nous avons coutume de considérer comme « l’histoire » n’est en réalité que la séquence la plus récente de la grande histoire de l’humanité. Séquence patriarcale émergée à l’âge du bronze, vers 3000 avant J.-C. Au proche orient (-2000 en Europe méridionale et occidentale et quelque siècles plus tard en Europe du nord), qui s’est imposée par la force, par-dessus une culture antérieure structurée autour, non pas d’un Dieux-Père, mais d’une Mère divine omnipotente, qui impliquait la notion du féminin sacralisé, comme sera sacralisé le viril devenu dominant. »

Et puis, il y a ces histoires de la Bible. Dans Les Dieux menteur, du premier récit de la Création, celui qui est oublié, dont on ne parle jamais ou si rarement, on peut lire,

« L’homme et la femme sont créés ensemble le sixième jour, au terme du processus de Création. »

Le voici :

« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. »

Une autre traduction de ce même verset, celle de André Chouraqui, offre une radicalité plus grande dans le vocabulaire utilisé :

« Elohîms crée le glébeux à sa réplique, à la réplique d’Elohîms, il le crée, mâle et femelle, il les crée ».

Dans le second récit de la création il est dit :

« Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie. »

La lecture de ces récits nous donne donc deux point de vue

« Dans la première version, l’homme et la femme sont créés simultanément, ce qui entraîne l’idée de liberté et d’égalité, de l’un par rapport à l’autre. Dans le deuxième, la femme apparaît subordonnée à l’homme. L’homme est premier de toute la création, la femme lui est adjointe comme une aide. »

Mais il y a autre chose. Plus loin, il est fait état d’un premier conflit qui éclate entre Adam et Lilith. Dieu sera ensuite favorable à Adam et Lilith sera pénalisée en tout ; Dieux compatissant donnera une seconde femme à Adam, Ève.
Que penser de cela ? Quel terrible constat ! Entre Lilith et Ève, il n’y a, pour les femmes, aucune issue.
Soit, telle Lilith, la femme est démone ou séductrice :

« Ainsi, si les personnages de Lilith et de la Reine de Saba se confondent, c’est que les images de la Démone et de la Séductrice se rejoigne. Pour le patriarcat hébreux, le qualificatif de démone découle directement du caractère de séductrice. Ce dernier terme incarnant ce que hait viscéralement l’ordre patriarcal : la femme qui tente les hommes, c’est-à-dire celle qui dispose librement d’elle-même. »

Soit, telle Ève, elle est une aide, une servante, nous l’avons vu plus haut.
C’est notre culture. Encore une citation, mais de François Flahault cette fois :

« L’histoire d’Adam et Ève est partagée par les trois monothéismes : elle est racontée dans la genèse, premier livre des Écritures juives, héritage repris par le christianisme, puis par l’islam qui en donne des versions résumées dans le Coran.
Mais seul le christianisme en à fait la clé de voûte de son anthropologie : dans l’ensemble du monde occidental, durant près de deux mille ans la réponse à la question « qu’est-ce que l’être humain ? » a tourné autour de l’histoire d’Adam et Ève. L’Église lui a donné le monopole. »

Nous venons de là. Mais où en sommes-nous ?
Quel devenir ?
Quelle transformation devrait avoir lieu ?
Qu’est-ce qui manque ?
On pourrait dire : qu’est-ce qu’il nous manque, pour que cela soit possible ?
À partir de cette première dispute, comment donner à voir le chemin possible ?
Qu’est devenue Lilith ?

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