Moments perdus

Moments perdus

Moments perdus

Création collective

Mise en scène : Anne CORNU, Vincent ROUCHE.

Avec : Boris ALESTCHENKOFF (Bartok), Sébastien CHERVAL (Musik), Catherine VUILLEZ (Géraldine).

Création en résidence au CRAC (Centre Régional des Arts du Cirque)
Festival Les Singuliers, Cherbourg, mars 2003

Synopsis

À l’origine, ils sont trois. Deux hommes et une femme. D’autres les rejoindront plus tard peut-être. Au commencement ils étaient trois c’est là notre hypothèse. Afin qu’Adam ne sombre pas dans la mélancolie, car ça Dieu ne l’avait pas prévu, un deuxième homme fut créé. Mais ces deux-là, qui se ressemblaient suffisamment pour s’entendre, finirent par se confondre et ne plus se supporter.

Moments perdus

Dieu réfléchit à ce qu’il pourrait bien inventer, à quelle différence il pourrait faire appel afin que l’homme aille voir plus loin que le bout de son nez. C’est alors qu’il envisagea Ève. La différence quand elle apparut laissa nos deux hommes perplexes. Je suis un « quiproquo » dit-elle. Les alliances se cherchent, vacillent, deux et un, un et deux, il reste toujours en piste un témoin gênant. Ce n’est que dans le chant qu’ils trouvent soudain l’unisson. L’un se nomme Bartok, l’autre Muzik, et quand ils chantent alors Géraldine peut danser. L’équilibre est précaire, ils ne savent pas encore que bientôt ils seront six milliards à chercher vaille que vaille l’équilibre d’un ensemble. Une déroute à trois voix. Ils ont pour mission de s’aimer s’ils le peuvent,

Moments perdus

de se rencontrer peut-être. Ces trois pionniers de l’existence nous en révéleront sur l’humain et plus qu’humain comment aborder l’autre en son étrange alphabet. Ces trois-là nous donneront à voir le vertige des avec, par, au travers, en compagnie de l’Autre. Mais voilà, si…

« Deux » c’est un monde,
« Trois » c’est une foule.

Un quatrième amènerait-t-il la solution ?

Géraldine, Musik et Bartok ont, durant quinze jours à Cherbourg, devisé sur la vie, l’amour, le monde et son quotidien. Confrontant leurs obsessions, leurs doutes, leurs désirs, ils ont tenté l’esquisse d’une rencontre. Embusqués derrière leur nez, ils nous offrent un aperçu de l’humanité, au cœur du chaos, en toute impunité. Aujourd’hui, à partir d’une partition écrite, les clowns improvisent… dans l’instant de la rencontre avec le public.

Anne Cornu

Musik - Moments perdus

Musik
« Je me pose la question directement : qu’est-ce qui tient ? Qui tient quoi ? Quoi tient qui ? Enfin qu’est-ce que… Et alors, en même temps, qu’est-ce qui a fait que ça commence ? Qu’est-ce qui a craqué au début ? Qu’est-ce qui a fait que ça a été ce que ça a été ? Le fait qu’on soit là quoi, au bout du compte, là, sur le moment et ce qu’on se pose, c’est la question sur le coup quoi hein ! Non ? Enfin si je me la pose, si je me la pose… enfin si je me la pose… C’est parce qu’elle s’impose la question. Tout le monde l’a vu. Elle pose la question en même temps qu’elle… Qu’elle offre des réponses… Elle se décompose la question, c’est parce qu’on… il y a des milliards de réponses déjà qui sont là, qui attendent… ça pousse, ça frémit, ça frémit de réponses… »

Géraldine - Moments perdus

Géraldine
« C’est ça… plus j’y pense, plus s’impose à moi… cette difficulté de vivre avec des semblables aussi différents… plus s’épanouit en moi ce sentiment d’incompatibilité… avec mes différents avec moi-même… plus s’épanouit en moi, ce sentiment d’incompatibilité, avec des semblables aussi différents … pourtant j’ai eu des occasions de constater… que sans les autres… je m’ennuie… Ça me démoral… ça me démolit… s’épanouit en moi cette incompatibilité que je définirais comme des tiraillements… comment communier avec des individus aussi éloignés de mes antécédents… vous êtes splendides… si impeccablement autres que je rêve de vous voir toujours plus nombreux. L’indifférence, c’est la mort même… »

Bartok
« Oh ! Mais, hier, j’étais mieux vous savez… hier vous m’auriez vu, j’avais de la prestance, j’étais plus libre, j’étais mieux, une sorte de magnificence extra lucide, j’étais comme hors de moi-même et avec moi-même tout en étant à distance… ce qui me conférait comme un oubli de moi, un

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bartok - Moments perdus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

oubli de moi conscient, vous voyez ce que je veux dire ? Bien, non, évidemment vous ne pouvez pas voir, c’est impossible à voir, c’est pas possible, ça… Non. C’est pas possible ou je ne sais plus comment je m’appelle. Je ne sais plus comment je m’appelle ! »

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