Plus je m’aventure à transmettre, plus je suis moi-même en question.
Le clown est un état dit-on.
Mais un état intime, qui ne peut être que le reflet de chaque personne qui s’y risque.
« Toi qui marches, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant. »
Antonio Machado
Cette citation d’Antonio Machado, je la fais mienne, tant pour ce qui est de la transmission, que pour ce qui est de l’éprouver moi-même quand je vais au plateau.
Nous venons avec quelques amis de nous offrir une petite semaine d’exploration et ce fut l’unique attitude.
Une aventure, une vraie.
C’est profondément vrai pour le clown, il n’y a pas de chemin, pas de truc, pas de système à mettre en place derrière lequel se protéger.
Mais qu’est-ce qu’il y a alors ?
Rien. Il n’y a que soi, la solitude qu’il nous faut assumer.
Rien ? Vraiment ?
Il y a ce qui nous entoure, l’environnement.
Il y a l’autre, dont je ne sais ce qu’il ou elle vit que par ce qu’il ou elle accepte de donner à voir et à entendre.
Il y a la réalité des sensations qui m’habitent.
Il y a que, au plus profond de la solitude, de mon quant-à-soi, je perçois le monde qui m’entoure, tout ce qui est concret autour, dehors moi, dedans moi, la réalité des sensations qui m’habitent, des pensées qui me traversent.
Il y a les pensées, les mots, les images qui traversent.
Il y a que, avec tout ça qui est là, il faut passer à l’écriture.
Il y a qu’on est seul avec sa pensée, avec son écriture.
Être seul, ce n’est pas ne pas être avec les autres.
Être seul, c’est être avec soi-même dans l’instant de la relation, du jeu.
Je voudrais citer Jean-Claude Carrière (dans son livre « Croyance ») :
« Dans le célèbre « Langage des oiseaux », qu’on appelle aussi la « Conférence », ou « l’Assemblée des oiseaux », poème persan écrit au XIIe siècle par Farid al-Din Attar, les rares volatiles qui, à la fin d’un voyage exténuant, où nombre d’entre eux sont morts, parviennent enfin devant leur roi suprême, le Simorgh, lequel détient toute la science et toute la puissance du monde, ne trouve en face d’eux-mêmes qu’un miroir tendu.Ils voient, comme le dit Attar, que « le Simorgh, c’est eux-mêmes et qu’eux-mêmes sont le Simorgh », et il n’y a rien d’autre. Absolument rien.Une voix leur dit : « Vous avez fait un long voyage pour arriver au voyageur. » »
Jean-Claude Carrière, Croyance
C’est cela qu’il nous faut accomplir : un long voyage pour arriver au voyageur.
Et tout cela ne peut avoir lieu que dans la joie et la bienveillance.
Alors, au travail ?
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